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Historiographie des fêtes de l’Ours du Vallespir

1. Une identité territoriale

            Depuis les années soixante, la mutation accélérée de nos sociétés, qui a fait disparaître beaucoup de coutumes, a transformé les fêtes de l’Ours en manifestation identitaire. La préoccupation de la communauté a alors été la défense et le maintien des traditions – de forme générale – aboutissant ainsi à la création d’une véritable identité vis-à-vis de celles-ci. Ainsi, les femmes et les enfants ont pu réellement prendre part au Carnaval et, en définitive, à la fête de l’Ours. Car Carnaval était jusqu’alors une fête d’hommes. Par exemple, le ball de l’encadenat de Prats de Molló n’était dansé que par eux[1] jusqu’à la seconde guerre. Certes, les femmes étaient poursuivies par l’Ours, mais uniquement lorsque la figure de la Roseta (un homme travesti) disparut du village, dans un idéal de « recherche » du partenaire avec lequel se marier. 

            Avec cette révolution, se crée alors, dans ces villages de l’Ours, ce que l’on pourrait qualifier « d’oursisation » spontanée, c’est-à-dire une multitude de symboles (entreprises, commerces, logos, produits touristiques, etc.) directement rattachés à l’animal. Ces rites ancestraux, dont les acteurs veulent perpétuer la tradition, deviennent alors une image de la communauté tournée vers l’extérieur. La médiatisation des fêtes de l’Ours, par delà l’aspect purement économique pour le village — et soulignons qu’il est important — met en place une image d’authenticité destinée à un certain tourisme curieux de telles fêtes. Pour autant, la fête n’est pas folklorisée. Rappelons le cas d’Arles, dont l’Ours devint un spectacle touristique des années 1960 aux années 1980. La même chose faillit se produire à Prats de Molló, dans les années 1990 quand l’idée germa que l’Ours pourrait devenir une attraction touristique d’été[2]. Mais ce ne fut finalement pas le cas. Ainsi, pour les villages faisant l’Ours dans le Vallespir, celui-ci devint leur emblème. Cet aspect identitaire est devenu essentiel à la compréhension de ces fêtes : « nous sommes les villages de l’Ours, en opposition à ceux qui ne le sont pas. » 

C’est donc un honneur qu’ont les hommes de faire l’Ours et de devenir, le temps d’une journée, les emblèmes du village. On fait la distinction entre celui qui a bien fait l’Ours et celui qui ne sait pas le faire. L’égard de réussir sa tâche est tel que lorsque la fête approche, ceux qui ont été désignés pour endosser la fameuse peau se préparent, mentalement et physiquement. On ne s’improvise pas Ours. Il faut maîtriser son cri, il faut savoir faire sa danse, il faut pouvoir prétendre avoir son physique et tenir tout un après-midi à courir après voisins et inconnus. Il existe des termes allemands, sans équivalents français, pour qualifier ces états ; il y a d’abord la Bärenfähigkeit, la capacité à devenir Ours, puis la Bärenhaftigkeit, « l’oursitude ». Sans eux, un homme ne peut devenir Ours ; ou ce ne sera qu’un Ours de pacotille. 

            L’apparition des médias de communication[3] et la création de l’Ours junior[4] a rendu l’Ours comme LA fête représentative des trois villages du Vallespir vis-à-vis de l’extérieur. Ainsi, au moment où ces fêtes sont teintées d’une démocratisation – voire d’une banalisation – sur les publics extérieurs et dont l’aspect économique rattrape l’aspect festif, un retour en arrière historique semble de mise, pour ne pas nous perdre dans les méandres de l’Histoire.

2. Farces et génies de la végétation

            L’histoire de l’étude des fêtes de l’Ours à Catalunya Nord commence à une date relativement récente. Comme pour de nombreuses mascarades, les organisateurs ne laissaient pas d’écrits, ils s’organisaient sans prendre la peine de conserver de documents. Les recherches en archives sont donc vaines. Il faut attendre le XIXe siècle pour que des auteurs s’intéressent à ces thèmes, nous laissant par la même occasion les premières descriptions de ces fêtes. Mais leurs études doivent être mises en parallèles avec les théories ethnologiques de leurs époques, influençant par là leurs visions.

            Henry Dominique Marie Joseph (nommé plus simplement Dominique Henry) est appelé à Perpignan au début du XIXe siècle en replacement du premier conservateur de la bibliothèque de la ville. Historien de formation, il est chargé de procéder au dépouillement des archives provenant des églises et des maisons religieuses qui, depuis la Révolution, demeurent amoncelées dans un galetas de l’hôtel de la Préfecture. C’est ainsi qu’il découvre les fêtes de l’Ours, célébrées en Catalogne Nord et en Andorra. Intrigué, l’érudit fait des recherches sur la question. Il comprend vite que des traces de représentations semblables avaient déjà lieu dans l’Antiquité et au Moyen-Âge et que « le travestissement d’un homme en ours, Mascarade très ancienne, puisque nous la voyons prohibée dès le neuvième siècle, est l’un de ceux qu’on voit régulièrement se répéter en Roussillon »[5]. Ses recherches, inconnues de ses contemporains, car publiées dans le midi de la France, ne laissent pas de traces. Inversement, ce n’est que par ce simple paragraphe, très bref, publié dans un guide à l’usage des touristes (1835), que les futures générations de chercheurs considèrent son apport sur le sujet :

« Il est une Mascarade de tradition que chaque année voit se renouveler. Un homme de la lie du peuple se déguise en ours ; ses camarades vêtus de haillons les plus sales, et barbouillés de la façon la plus ignoble, l’accompagnent et le font danser au bruit assourdissant de sifflets, d’entonnoirs, de crécelles et de tambours. Nous n’aurions pas fait mention de cette farce, si ce n’était un usage d’une très grande antiquité ; c’est un divertissement que Hincmar défend dans les mêmes Mascarades, c’est-à-dire aux veillées et aux commémorations des morts. »[6]

            Pour une personne du rang social de Dominique Henry, ces mascarades de villages n’ont pas la classe et l’élégance de celles qui peuvent alors se rencontrer en Italie. L’auteur, qui différencie les mascarades villageoises insignifiantes et les Bals masqués, décents, élégants, beaux et riches, considère les mascarades urbaines comme un excellent progrès. Pourtant le masque, sous quelque forme que ce soit, est extrêmement populaire et apprécié par les Roussillonnais :

« Se masquer est ici un besoin, plus même qu’un besoin ; pour le peuple c’est du délire. »[7]

            Ces écrits surviennent à une époque où la croyance en la fonction bénéfique des cérémonies populaires commence à se perdre. Dès 1789, le projet des Lumières, qui se veut rationaliste, souhaitait permettre un combat contre l’obscurantisme et la superstition. La recherche de cette nouvelle modernité, regrettée par le Romantisme, oblige à ne plus penser le monde comme un lieu où magie et surnaturel côtoient l’homme. Les progrès techniques, qui influent sur le contrôle de l’environnement, les livres d’écoles et la presse, se développent. Là où on cherchait des causes mystiques et des solutions magiques, on croit désormais au progrès technique. La science et la technologie prennent le pas sur la magie et les superstitions. Le désenchantement du monde, célèbre concept du sociologue Max Weber, est la théorisation du déclin de ces croyances. Il est lié à l’avènement de la science moderne, qui va chercher à expliquer scientifiquement les phénomènes naturels et humains, remplaçant ainsi les superstitions divines ou mystiques. On ne s’attarde plus à percevoir l’utilité des rites saisonniers, on continue à les faire, comme de simples amusements. La plupart du temps, ils sont relégués, devenant de simples jeux pour les enfants : la partie magique du monde leur est désormais dédiée. C’est cette jeunesse qui va faire la tournée des villages, souvent déguisée, tout en chantant et en recueillant des dons pour faire la fête à l’auberge locale. Dans l’Empordà, la fête de l’Ours devient ainsi une simple quête effectuée par des enfants, avec pour tout souvenir de cet ancien rite, une peau d’ours portée par un de ces jeunes[8]. Cette collecte de dons menée par des Ours se retrouve aussi à Ainhoa (Pyrénées Atlantiques) où un garçon recouvert de peaux de mouton faisait office d’Ours danseur lors des quêtes, tout en étant tenu en laisse par un montreur[9]. La même chose se produisit à Sant Salvador (Vallespir).

            Alors qu’en cette deuxième moitié du XIXe siècle D. Henry a bien compris l’ancienneté de ces fêtes, comment peuvent-elles êtres perçues par la noblesse lambda, qui assiste à cette étrange festivité ? Cette tradition tracasse l’administration, qui ne la voit pas d’un bon œil ; le moindre accident — ou incident — est un prétexte à sa condamnation. Dans le village de Pi où la fête prend le nom de Jeu de l’Ours[10], une personne vêtue de peaux de bêtes et de vieilles loques[11], était accompagnée, en plus des Chasseurs bien armés, des jeunes du village qui tenaient des sonnettes et d’autres instruments à fracas[12]. Mais, si cette fête nous est connue, c’est pour une bien triste raison. Le 2 février 1874, les habitants sont témoins d’un malheur. Ce spectacle pittoresque se convertit en accident tragique lorsqu’un chasseur blessa mortellement un jeune homme dans le public âgé de 16 ans. Hormis une chronique dans un journal local relatant cet événement[13], nous possédons le rapport du Procureur de la République de cette circonscription, cité en partie par RobertBosch : 

« Précisément à la date du 2 février 1874, un accident mortel se produisit à Py, village proche de Vernet-les-Bains, suite à un début de fête de l’Ours particulièrement féroce. Le rapport du Procureur de la République, daté du 26 février 1874 signale ce fait. On y apprend que cette fête « est un usage qui existe de longue date dans certaines campagnes de l’arrondissement » (Prades). Les ours sont au nombre de deux (en l’occurrence Jean-Pierre Sangerma et Jacques Calvet) et la fête se déroule un peu comme à Prats de Molló : courses et poursuites des ours dans les ruelles du village par les Chasseurs armés de fusils, ici et ce jour-là : à munitions réelles. Au lieu de tirer tous les coups de feu en l’air, et à cause des bousculades, certains Chasseurs laissent partir des projectiles dans la foule. Un d’entre eux (Paul Sangerma) est frappé au côté droit. Il ira « tomber mort au milieu de la population épouvantée », après un sursaut de vingt mètres au travers de la place. »[14]

Même chose après 1875, à Amélie-les-Bains (Vallespir), où l’homme qui fait l’Ours est mortellement blessé :

« Eixa costum avuy està prohibida, perquè un any feríre de debó al qui feya d’ós. Li claváren una perdigonada á l’esquena que li travessá la pell d’ós y l’gech. Al sentirse ferit, feu uns brams desaforats, rodolants per terra, fent esforsos inútils pera tráures la pell y cap del ós.

Tothom deya : borrago ! qué ho fa bé ! ni si fós ferit ho faría mellor !… Per fí, quan volían lligar la fera pe’l coll, vegéren gotas de sanch y allavors comprenguéren que no anava pas de per riure. »[15]

            Exit la fête. La bienséance indique clairement l’acceptable. Même lors de la période dépravée de Carnaval. Comme le résumera plus tard Bonaventure Guisset, le temps porte ses ravages ; cependant ce n’est pas un grand désastre que depuis une dizaine d’années la pratique de la plus dégoûtante des bouffonneries tende à disparaître : preuve évidente que, même chez nous, l’esprit ambiant de la civilisation brise la résistance opposée par les mauvaises habitudes[16]. Au XIXe siècle, la civilisation prend le pas sur la tradition. Pour cela, de nombreuses fêtes traditionnelles sont abandonnées, suivant les modes des nouvelles mœurs et les enseignements de l’éducation morale. Pensons, entre autres, au Ball dels Cornuts et à son Abat de mal Govern, la Danse des Cocus, qui, on peut l’imaginer en gênait beaucoup ! [17]

            Puis, l’abandon fut suivi de l’oubli.

            Les officiels, bien éloignés des préoccupations populaires, trouvaient ces pratiques bruyantes, menaçantes. Tout à la fois, elles ne leur étaient pas familières et pouvaient dégénérer en manifestations politiques. Le rituel traditionnel pouvait facilement servir à une manifestation contre les autorités. Le changement du rythme uniforme, provoqué par la fête, défiait les bonnes mœurs, l’alcool et les rixes y étant de rigueur, les règlements de sécurité finirent par l’emporter. En février 1877, lors d’une farandole à Arles, une bagarre entre Républicains et Légitimistes fut évitée de justesse par la gendarmerie, les parties cherchant à organiser des fêtes séparées[18]. Mais l’administration et la police ne se heurtaient pas seulement aux coutumes, mais aussi aux autorités locales, pour qui ces traditions étaient habituelles, et donc normales, banales. Elles pouvaient même y participer. Parmi les usages les plus durement attaqués par ces interdictions, Carnaval était au premier rang (avec les fêtes de l’Ours). Il suffit de voir, dans la période moderne, la prohibition pure et simple qu’il subit lors du Franquisme dans l’État espagnol qui en avait peur. Car il s’agissait d’une période durant laquelle l’autorité pouvait être contestée. La même chose se produira dans notre département, où dès le XIXe siècle les masques seront interdits, tant bien que mal[19].

            Pourtant, tous les curés n’avaient pas le même avis que Bonaventure Guisset. Si ce dernier était favorable à l’arrêt de telles fêtes, d’autres pouvaient les soutenir. L’abbé Esteve Caseponce (1850-1932), officiant à Arles en est le parfait exemple. Né à Ceret, folkloriste et écrivain, il remarqua que les derniers exemples de tradition orale littéraire étaient en train de disparaître. Aussi, s’empressa-t-il de les recueillir, pour les publier en 1907 dans Contes vallespirencs del temps de les encantades. Cependant, aucune trace de l’Ours n’apparaît dans cet ouvrage majeur de la culture populaire nord-catalane, alors que les légendes sur l’ursidé devaient être bien ancrées dans les mémoires, puisque certaines sont arrivées jusqu’à nous. C’est lui qui indiqua à Edmond Haraucourt que le prétexte de la mascarade de l’Ours d’Arles était la légende de l’Abbé Arnulfe, partant d’Arles jusqu’à Rome pour aller chercher des reliques dans l’espoir de faire fuir les Simiots, des créatures assimilables à Pan[20]. Et alors que d’autres clercs ou érudits de l’époque répudiaient ces mascarades, le 2 février 1902, lorsque les bruits d’une fanfare se firent entendre dans les rues d’Arles, ce curé ne put s’empêcher de préciser :

« – C’est la Mascarade de l’ours, fit le curé en souriant… Une vieille coutume, qui, dit-on, remonte très loin. »[21]

            À Prats de Molló, où l’abbé Gibrat, héritier de la même mouvance, exerça pourtant de nombreuses années, il ne nous laissa aucun texte sur l’Ours, alors qu’il publia une grande quantité d’articles ou de livres sur l’histoire de cette vallée, tout en compilant de nombreuses légendes – christianisées – et en acceptant ces superstitions pourtant comprises hors du dogme officiel. On pouvait apprécier ces fêtes, mais sûrement pas les vanter.

Il faut attendre 1907 pour trouver le premier auteur parlant spécifiquement de la fête de l’Ours dans ce village. Émile Leguiel, breton d’origine, mais Pratéen de cœur, retranscrit les souvenirs de sa belle-mère (entre 1860 et 1870), Pratéenne de milieu modeste, sur le cycle Carnavalesque de Prats de Molló. Il y inclut la fête de l’Ours mais ne s’attarde pas à lui chercher une origine ni à rentrer dans les détails. Il se limite à un travail d’ethnographe. Cet auteur s’inscrit dans la mouvance de la Société d’Études Catalanes, dont le travail est avant tout la vulgarisation de la langue et de la culture catalanes. Il ne semble pas connaître les travaux de Dominique Henry. Quoi qu’il en soit, Emile Leguiel décrit alors une coutume fort originale que nos temps destructeurs ont respectée. Vision, avouons-le, diamétralement opposée à celle de ses prédécesseurs. Il s’intéresse aussi à des détails internes de la fête (comme le choix ou la rémunération des Ours). Et bien que nous regrettions que certains points n’y soient pas abordés (le rasage de l’Ours, la présence d’autres personnages pendant la fête, etc.), son texte permet de contextualiser el dia dels Óssos dans la période Carnavalesque de ce village. Et, en guise de conclusion de l’article de Leguiel, Louis Pastre, alors secrétaire de la Société des Études Catalanes (l’organe qui publie ce texte) se permet une digression en racontant que la fête des Ours se retrouve en d’autres localités des Pyrénées, notamment dans les vallées d’Andorre[22]. Or, D. Henry s’était déjà rendu compte, en 1835, qu’une fête de l’Ours avait lieu dans ce pays voisin qu’il trouva sûrement plus intéressante que celles du Vallespir, puisqu’il nous en laissa une description. C’est ainsi que se mettent en place, sur plus d’un demi siècle, les premières comparaisons de ces fêtes.

            Pour comprendre la vision des fêtes de l’Ours qui sera de rigueur les décennies suivantes, il faut s’intéresser à deux événements marquants qui se produisent en dehors du domaine catalan. Entre 1911 et 1915 paraît l’énorme inventaire de mythes et de rites planétaires dressé par l’anthropologue écossais James George Frazer. Ses douze ouvrages du Rameau d’or présentent une masse conséquente de faits sociaux et religieux que l’auteur tentait d’interpréter et de comparer, fondant ainsi tout à la fois l’anthropologie religieuse et la mythologie comparée. L’auteur ne parlera à aucun moment des fêtes de l’Ours du Vallespir, ou de façon plus élargie, des fêtes de l’Ours des Pyrénées. Mais sa vision, nouvelle, sur les faits sociaux et religieux inspirera une grande partie des futurs ethnologues étudiant ces fêtes. D’aucuns n’oublieront pas de le citer. Bien qu’actuellement sa vision soit en partie dépassée, son gigantesque travail est encore une lecture obligée. Pour cet auteur du courant évolutionniste, nommé Naturmythologie, les notions de roi-prêtre, de cultes de la fertilité et de boucs émissaires sont présentes lors des cérémonies magiques dont on trouve des traces dans les mythes ou les rites antiques. Ce manque de distinction, entre différentes cultures, croyances, groupes sociaux sera à la base des critiques à l’égard de son travail. Pourtant, comme nous allons le voir, celui-ci sera largement suivi par une génération d’ethnologues. 

D’autre part, à la même époque, la découverte de dessins d’êtres thériantropes (mi-humains, mi-animaux) dans plusieurs grottes paléolithiques va influencer les chercheurs. Ainsi, décrivant la représentation du Sorcier ou Dieu Cornu de la grotte des Trois Frères (Ariège), l’abbé Breuil y verra un sorcier gesticulant tout en portant un masque d’animal. Et pour cause, il est aisé d’identifier un homme déguisé en animal, aux pattes d’ours, pour ce qui s’apparente à un probable rituel de nature inconnue. La découverte de cette grotte se produit à une période où l’art paléolithique commence à être reconnu, posant la question de la finalité de telles peintures, influençant ainsi les théories de la Naturmythologie, dont les partisans croyaient percevoir les premières traces de divinités et de génies de la végétation dont la culture populaire, les mythes et les légendes en auraient gardé le souvenir.

Les travaux de Frazer, mis en perspectives avec ces découvertes archéologiques vont influencer toute une génération d’ethnologues qui va s’approprier ses théories pour les appliquer à des célébrations que l’auteur n’a pas étudiées. Ainsi, quelques années après la parution du Rameau d’or, l’ethnologue catalan Joan Amades se rend sur le terrain Pratéen pour en étudier les traditions. Premier ethnographe à venir y mener une campagne de collectage, sa vision des fêtes est justement héritée des théories de Frazer. Comme nous l’avons vu, E. Leguiel avait déjà décrit cette fête, mais à travers des souvenirs, non pas dans la démarche de collectage de visu que va faire J. Amades. Ses premiers travaux furent publiés successivement dans Flors del Rosselló en 1924 et Supervivències de danses primitives en 1926[23], nous laissant imaginer qu’il avait dû assister à la fête de l’Ours de Prats de Molló au début des années vingt. Il revint à Prats de Molló en 1934, pour une mission de collectage, accompagné par Palmira Jacquetti. Leurs intentions étaient de se focaliser strictement sur les danses. Mais, à cause du mauvais temps, ils durent prolonger leur séjour au village. Nous pouvons remercier cet orage, car ils en profitèrent pour recueillir plus d’informations sur la fête de l’Ours[24] : noms d’acteurs, déroulement de la fête, chanson… Probablement que Joan Amades n’y revint jamais plus, car la description qu’il publia ensuite dans son Costumari Català n’était qu’une redite de ce texte. Néanmoins, après avoir parcouru la plupart des territoires catalans, il se rendit compte que la figure de l’Ours était omniprésente lors des fêtes populaires. Il en vint à faire ce constat, toujours dans sa vision Frazerienne des fêtes :  

« Les restes qu’es troben ençà i enllà dels Pirineu, sobre les gestes carnestoltesques que simulen la mort i la cacera de l’ós, porten a creure que temps enrere, a casa nostra, el geni de la vegetació de què hem parlat en el primer rodolí s’havia vinculat en l’ós. La persistència de la disfressa d’aquest animal respon també al mateix sentit. »[25]

3.  Quand les Anglais s’en mêlent

            Quelque dix années après la venue d’Amades en Vallespir, deux ethnologues anglais s’y rendirent à leur tour. Ils vont nous livrer de nouvelles descriptions, mais surtout considérer les fêtes de l’Ours du Vallespir non plus comme de simples jeux Carnavalesques mais comme des rites s’inscrivant dans un corpus bien plus vaste. 

            La première est Violet Alford, ethnologue, musicologue et folkloriste du Somerset, qui fera plusieurs voyages dans les Pyrénées pour y collecter des données sur les traditions. Préparant ses voyages, elle correspondra beaucoup avec Joan Amades, Jean Poueigh, Ramon Violant i Simorra, Julio Caro Baroja et une multitude d’autres spécialistes des traditions pyrénéennes. Son livre Pyrenean Festivals, publié en 1937 à Londres, est le premier à traiter des fêtes traditionnelles de l’ensemble du massif pyrénéen[26]. Elle se rendra à Prats de Molló en 1929 pour assister à la fête de l’Ours, mais étudiera aussi celles d’Arles et de Sant Llorenç de Cerdans. Élève spirituelle de Frazer, Violet Alford se représente les fêtes de l’Ours (dans le sens large du terme, comprenant les autres fêtes du même genre qu’elle pût voir tout au long des Pyrénées) comme une perduration d’anciens rites de printemps, qu’elle nomme rite d’origine, que le temps a brassé avec des traditions agricoles et des rites d’initiation. Ce qui est intéressant dans sa démarche, c’est qu’elle n’hésitera pas à décrire d’autres fêtes de l’Ours, mais ne prendra pas le temps de les comparer entre-elles, comme elle put le faire avec le cheval-jupon[27].

            Basil Collier visitera quant à lui le Vallespir en 1938. Il publiera un livre, Catalan France, dans lequel il décrit une grande partie des villes et villages de Catalogne Nord, de leurs us et coutumes et donc, des fêtes de l’Ours. À l’inverse de Violet Alford, il est plus dans une démarche du voyageur décrivant son périple, comme cela est alors à la mode à son époque.

            Violet Alford et Basil Collier interprètent la fête de l’Ours en s’appuyant sur les théories de Frazer. La première avancera que le masque de l’Ours est une représentation du roi sacrifié au printemps, avant d’être remplacé par un nouveau monarque, assurant de cette manière le renouveau de la nature et de la fécondité. B. Collier, dans le même ordre d’idées, verra en l’Ours un bouc émissaire, destiné à être sacrifié pour mieux renaître. 

            Après la publication de Joan Amades, Violet Alford et Basil Collier, les fêtes de l’Ours commencent à être reconnues dans le monde « folkloriste ». Bien qu’il ne vint jamais en Vallespir, Arnold Van Gennep ne manque pas de reprendre les descriptions de ces différents auteurs dans son Folklore Français. Il les classe dans la partie dédiée au cycle de Carnaval-Carême, dans le chapitre Déguisements, Quêtes et Mascarades. Selon lui, pour justifier une telle fête, « c’est l’explication agraire (cessation de l’hiver et renouvellement de la fécondité de la Terre) qu’on peut préférer. »[28]. L’auteur suppose que l’Ours était une divinité alpestre très ancienne, dont les dictons qui le font déshiberner lors de la Chandeleur sont des survivances d’un ancien culte où l’ours avait la tâche de dispenser le soleil et le temps à venir. 

            En parallèle, des érudits locaux, peut-être ignorants de ces diverses publications, continueront à s’interroger sur ce que pouvait bien représenter cette fête :

« On ignore s’il s’agit d’une survivance des bacchanales païennes ou de quelque chasse mémorable qui avait débarrassé le haut Vallespir d’une bête féroce »[29]

            Après la deuxième guerre mondiale les rares fêtes de l’Ours qui avaient encore lieu disparaissent les unes après les autres, tombant malgré elles dans un puits sans fond. Celui de l’oubli.

            4.  Intérêt scientifique, désintérêt populaire 

            Le photographe Jean Ribière se rendra à Prats de Molló en 1952 pour y effectuer une campagne de collectage photographique[30]. À travers ses clichés, ce qui est le plus marquant, c’est qu’il n’y a pas de touristes, même les villageois ne sont guère nombreux. Car de façon croissante, jusqu’aux années 1970, la fête de l’Ours de Prats de Molló subissait un désintérêt. La tradition des Pabordes se perd à cette époque-là, ne devenant que le simple acronyme des organisateurs de Carnaval. De moins en moins de monde vient voir la fête. Il a fallu attendre le début des années 1970 pour que des jeunes du village décident de la reprendre en main. La fête que nous connaissons aujourd’hui persista grâce à eux. Hasard du calendrier ou destin, à la fin des années 1970 vint la 3eme chaine de l’ORTF (FR3. Pascale Breugnot, Denis Chegaray) pour faire un reportage sur cette fête, relançant par là l’envie des pratéens de la faire perdurer. Remarquons que le même désintérêt se produisit à Arles, provoquant un changement de date, la fête passant de février à août.

            Et alors que dans les villages la question de la continuité de la fête se pose, une nouvelle génération de scientifiques va commencer à les étudier, se détachant des théories Frazeriennes pour proposer une nouvelle vision sur les fêtes de l’Ours du Vallespir. C’est alors que d’innombrables interprétations vont être émises sur l’origine et la symbolique de ces trois fêtes : théâtre populaire, magie de la chasse, culte de la fécondité, rite initiatique, farce Carnavalesque, avatar de la religion Carnavalesque, célébrations des anciennes chasses à l’ours, etc. Les deux auteurs ayant marqué ces dernières décennies pour leur réflexion sur les fêtes de l’Ours sont Jean-Dominique Lajoux et Claude Gaignebet qui publieront le fabuleux livre Art Profane et Religion Populaire au Moyen-âge dans lequel ils étudient les traces d’une religion populaire, antérieure au christianisme et aux religions polythéistes antiques, mais dont les traces se retrouvent dans l’ensemble de l’Eurasie. Ce travail permet de mettre en exergue un grand nombre de figures et de représentations aujourd’hui perdues, à partir de croyances, de rites et de mythes étudiés en fonction de leur place dans le calendrier.

            À partir de là, Claude Gaignebet définit ce qu’il appelle la religion Carnavalesque, une religion préchrétienne dont un des moments forts devint ce que l’on appelle aujourd’hui le Carnaval et dont l’ours était la principale divinité.

            Jean-Dominique Lajoux, lui, étudiera par la suite l’évolution du calendrier, et son rapport avec l’ours. À partir de là, il écrira L’Homme et l’Ours, une étude ethnologique sur le rapport entre ces deux êtres. Pour cela, il parcourut une grande partie de l’hémisphère nord, à la rencontre de chamans et d’ours, réels ou figurés. Son travail fait désormais office de référence au moment d’étudier ces fêtes, par l’analyse et la qualité de son travail. Il se rendra en Vallespir à plusieurs reprises, éditant ainsi son film L’Ours ou l’homme sauvage à partir de ses enregistrements de la fête de l’Ours de Prats de Molló de 1970 et 1974.

            Puis, en 1983 et 1987 paraissent les premières monographies dédiées à la fête de l’Ours d’Arles, respectivement écrites par Marià Loaiza i Vidiella et Robert Bosch. Comparaison oblige, les fêtes de Sant Llorenç de Cerdans et de Prats de Molló y sont étudiées. Pour la première fois, ce ne sont plus des ethnologues extérieurs qui viennent décrire ces fêtes, mais des enfants du village. La bibliographie sur les fêtes de l’Ours du Vallespir commence donc à se remplir. Nous terminerons en citant le mémoire de maîtrise d’ethnologie de Sophie Bobbé, Trois fêtes de l’Ours en Catalogne, présenté en juin 1987, qui fut la première étude à présenter ces fêtes comme un ensemble homogène et cohérent. N’oublions pas que, dans les années 1990, le pratéen Jean Vilallongue eut l’idée de mettre en place une exposition regroupant l’ensemble des anciennes photos de l’ours du village. Il invita aussi les anciens acteurs de l’Ours à venir parler et débattre de la fête. L’ensemble de cette conversation fut enregistré sur bande Revox. Aujourd’hui tout ce travail est perdu. 

            La notoriété de ces fêtes deviendra telle qu’elle resurgira dans des romans. L’écrivain catalan Joan Lluís Lluís publiera en 2007 sa nouvelle El Dia de l’ós, le jour de l’Ours, qui se déroule dans un Prats de Molló occupé par l’armée française et dont une prophétie veut que l’arrivée de l’ours marque la libération de ce village. L’histoire commence avec le retour dans la commune de la jeune Roseta… Un autre auteur catalan, Jordi Soler, publiera à son tour en 2011 le troisième volet d’une chronique sur la guerre d’Espagne, La fête de l’ours, dont le chapitre final se déroule lors de cette célébration (extrêmement idéalisée, l’auteur n’y ayant jamais assisté). Enfin, dans cette recrudescence d’ouvrages, de films et d‘articles divers[31], quelques auteurs se doivent d’être cités pour leurs travaux publiés depuis 2010 et ayant apportés plus que leur pierre à l’édifice des fêtes de l’Ours. Ils sont des références indispensables.

            En 2005, Thierry Truffaut publie Joaldun et Kaskarot, Des carnavals en Pays Basque, qui étudie en profondeur les mascarades de cette zone géographique. On y découvre leur évolution, mais aussi les personnages qui y prennent part avec, bien entendu l’Ours. Dominique Pauvert, mythologue expert de Jérôme Bosch et Peter Bruegel l’Ancien, faisant suite aux travaux de Claude Gaignebet, publie en 2012 La religion Carnavalesque qui, comme son nom l’indique, considère Carnaval comme une ancienne religion. Au travers de plusieurs chapitres thématiques, il s’attarde à faire ressortir des personnages ou des actions clefs de cette célébration, avec l’Ours comme personnage central. Robert Bosch, auteur d’une monographie sur l’Ours d’Arles et de nombreux articles sur ce sujet, publia en février 2013 Fêtes de l’Ours en Vallespir, accompagné de photographies de Noël Hautemanière. Dans cet ouvrage, il s’attarda sur la présentation des trois fêtes du Vallespir, mais aussi aux autres mascarades d’Ours qu’il a pu visiter lors de plus de quarante années passées à étudier ce sujet.  Óscar Julián González n’étudia pas spécialement les Ours, mais publia en 2014 une œuvre magistrale, Mascaradas de la Península Ibérica, qui recensait, avec de nombreuses photographies modernes et anciennes, la plupart des mascarades du sud de l’Europe avec les personnages traditionnels qui y prennent part. En mars 2014, Kassim Carceller i Esteban, natif de la Mata (els Ports, País Valencià), suite à une campagne de collectage effectuée pour la mémoire de ce village, réalisa que jusqu’au début des années 1950, se faisait l’Onso, l’Ours. Après avoir pu permettre que se récupère cette fête en 2007, il publia en mars 2014 L’Onso i el carnestoltes de la Mata (els Ports), une monographie dédiée au Carnaval de son village, dans laquelle la fête de l’Ours a une place prépondérante. Suite à ce livre et à nos échanges sur le sujet, nous avons pu travailler ensemble à la création de l’exposition Festes de l’Ós als Països Catalans, de laquelle naquit un catalogue. Finalement, un auteur que nous avons déjà présenté, Jean-Dominique Lajoux, publia en mars 2017 Fêtes païennes, les grandes heures du calendrier, livre où l’Ours n’est pas forcement central, mais qui permet de mieux considérer sa fête et plus généralement les mascarades d’Hiver dans les anciens calendriers païens. 

            2.4 – La découverte mutuelle. Banalisation et globalisation

            Dans les années 1930, des villageois du Vallespir commencent à se rendre compte qu’il existe d’autres fêtes de l’Ours dans des villages voisins et ailleurs dans les Pyrénées. C’est ainsi que lors de sa venue à Arles, V. Alford (vers 1926), reçoit un message à son auberge lui indiquant qu’au village de Pla (Sant Joan Pla de Corts ?) se fait une fête de l’Ours. L’hôtelier parait alors surpris : 

« Aucun des gens de l’auberge d’Arles n’avait jamais entendu parler de cet ours ; comme d’habitude ils ont paru offensés à l’idée d’un ours autre que leur, mais je n’avais pas un temps pour enquêter sur le message. »[32]

            Une autre commune qui fait l’Ours est alors perçue comme une offense ! Ainsi, les villages du Vallespir découvrant, par hasard, qu’à proximité aussi on fait l’Ours, une curiosité naquit, se transformant petit en petit en reconnaissance. C’est ce désir identitaire, dont nous avons déjà parlé, qui a donné envie à la communauté de projeter son image vers l’extérieur. « Regardez comment MOI je fais cette fête de l’Ours ».

            Le temps festif désormais restreint, mis en place en fonction du calendrier scolaire, oblige les organisateurs à annoncer aux villageois étant partis vivre ailleurs et pourquoi pas aux curieux, quand se déroulera la fête. Et si un grand nombre de personnes se permettent désormais des incursions aux fêtes voisines, il faut attendre plus d’un demi-siècle pour que ces échanges informels deviennent institutionnels. La première mise en commun des villages autour des fêtes de l’Ours fut faite en 2003 entre Prats de Molló et Sant Llorenç de Cerdans. Il fut décidé de faire une communication conjointe, de déplacer les fêtes sur deux dimanches différents, pour permettre à ceux qui le souhaitaient d’assister aux deux manifestations. Se greffa ensuite sur ce projet Arles, ce qui fit étaler sur trois dimanches les fêtes de l’Ours avec par ordre Arles, Prats de Molló et Sant Llorenç de Cerdans. En 2010 une réelle synchronisation a lieu entre les trois villages et est créé l’emblème de la patte de l’Ours. Celle-ci se transmet entre chaque village avant de faire l’Ours. C’est, symboliquement, grâce à cette passation que peut désormais être fêté l’Ours. S’ensuivit une convention, signée par les maires des trois villages, s’apparentant à une charte de bonne conduite, où l’entente et les règles fixées entre eux figurent par écrit. Il est désormais impensable qu’un Maire n’aille pas assister aux deux autres fêtes. Par respect, tout d’abord, mais aussi en raison des liens tissés ces dernières années avec la mise en place des Communautés de Communes, obligeant ces petits villages à coopérer sur certaines problématiques territoriales. Cette entraide liée à une réelle amitié, est donc symbolisée par leur présence aux fêtes. Les nouvelles communications globales entre les trois villages, l’organisation d’ordre temporel fixe furent suivies d’évènements communs (conférences, expositions), bien entendu sur le thème de l’Ours. 

            En 2013, nous participions avec l’association Costumari de Catalunya Nord à la mise en place de la première étude globale des fêtes de l’Ours dans les Països Catalans, où l’ensemble des représentations de cet animal était étudié comme un tout. S’en suivit la mise en place d’un jumelage, plus amical qu’officiel, entre Prats de Molló et le village de La Mata (Els Ports, País Valencià). Ce dernier, qui venait de récupérer sa fête de l’Onso depuis cinq ans, avec des motifs comparables à la fête de Prats de Molló, invita une délégation de ce village lors de leur fête, et inversement, ses habitants vinrent à Prats de Molló pour assister au cycle Carnavalesque. 

(Article extrait de l’Ouvrage Les Derniers Ours, une Histoire des fêtes de l’Ours, publié par Oriol Lluís Gual en 2017 aux éditions Costumari de Catalunya Nord)

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[1]  Amades Joan, 1985, vol. II, p. 257.

[2]  Anonyme, 1994, p. 34.

[3]  A partir des années 1980.

[4]  Vers 1986 pour Prats de Molló, avant d’être suivi par Sant Llorenç de Cerdans puis Arles.

[5]  Henry D.M.J, 1835a, p. 63.

[6]  Henry D.M.J, 1835b, p. CVI-CVII

[7]  Henry D.M.J, 1842, p. 163.

[8]  Amades Joan, 1985, vol. I, p. 33.

[9]  Guilcher Jean-Michel, 1995, p. 514.

[10]  Chronique locale du journal Le Roussillon du 10 février 1874.

[11]  Ibid.

[12]  Ibid.

[13]  Journal des Pyrénées-Orientales, 10 janvier 1874.

[14]  Bosch Robert, 1987, p. 245.

[15]  « Cette tradition est aujourd’hui interdite, parce qu’une année ils blessèrent pour de vrai celui qui faisait l’ours. Ils lui assénèrent un tir de plombs de chasse dans l’épaule qui lui traversa la peau d’ours et la veste. Se sentant blessé, il poussa des cris, se roulant au sol, faisant des efforts inutiles pour s’enlever la peau et la tête d’ours. Tout le monde disait : Et bien ! Qu’il le fait bien ! Même blessé il ne pourrait faire mieux… Finalement quand ils voulurent lui accrocher la corde autour du cou, ils virent du sang et ils comprirent alors qu’il ne faisait pas cela pour rire. » Bosch de la Trinxeria Carles, p. 7-8.

[16]  Guisset Bonaventure, 2000, p. 25.

[17]  Pouvant même être arrêté d’un commun accord de la population, comme ce fut le cas à Prats de Molló (voir Henry Dominique, 1835b, p. 62-63).

[18]  Weber Eugen, 1983, p. 555.

[19]  Pour s’en convaincre, il suffit de consulter  les archives policières de ce siècle aux Archives Départementales des Pyrénées-Orientales. Ce qui gêne avant tout, c’est la présence de masques satyriques, tels les déguisements de clercs.

[20]  Haraucourt Edmond, 1902, p. 1.

[21]  Ibid.

[22]  Note du secrétaire dans Leguiel Emile, 1908, p. 391.

[23]  Signalons que dans cet article, Joan Amades se trompe, et situe ce village en Cerdanya.

[24]  Amades Joan, Palmira Jacquetti, 2006, p. 283.

[25]  « Les traces que l’on trouve autour des Pyrénées, sur des gestes Carnavalesques où l’on simule la mort et la chasse à l’ours, nous laissent penser qu’il y a bien longtemps, par chez nous, le génie de la végétation, duquel nous avons déjà parlé plus haut, était porté par l’ours. La persistance du costume de cet animal répond à cela. ». Amades Joan, 1998, p. 50.

[26]  Ce livre fut traduit en français en 2004. 

[27]  Le cheval-jupon – Hobby-Horse – est une figure courante des mascarades, où un homme porte une planche ou une poupée horizontale au niveau de la taille représentant un cheval. Voir Alford Violet, The Hobby Horse and others animal masks,1978.

[28]  Van Gennep Arnold, 1947, p. 914.

[29]  Deloncle Joseph, 1968, p. 31.

[30]  Dont l’intégrale vient d’être publiée par l’association Costumari de Catalunya Nord. Voir Dalmau Guillem, Una mirada sobre l’ós, 2016.

[31] Il demeure encore aujourd’hui difficile pour le novice de s’y retrouver dans la multitude d’écrits sur l’Ours au travers de publications qui n’apportent aucune réflexion sur le sujet, ne colportant que des idées toutes faites et souvent peu – ou pas – documentées sur le sujet.

[32]  Alford Violet, 1930, p.  266-279.