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Les Derniers Ours

Février. La période carnavalesque de Prats de Molló s’ouvre par un curieux rituel : el Dia dels Óssos. Trois Ours quittent leur montagne, bien décidés à se rendre possesseurs du village, trois hommes vêtus d’une peau de mouton, grimés d’un noir abyssal. Des profondeurs des cavernes, des hauteurs environnantes, ces sauvages arrivent. Incontrôlables, ils errent dans les ruelles du village. En quête de victimes. En quête de femmes, même si les hommes ne sont jamais oubliés… Dans l’ivresse, sous la coupe d’un groupe de chasseurs, ces Ours achèvent leur déambulation sur la grande place du village. Ils y seront rasés à la hache, des mains de barbiers d’un blanc immaculé. Tel Samson trahi par Dalila, l’homme à la peau d’ours est dépecé de sa fourrure. Sa force sauvage n’est plus. Avec sa patte, il a noirci hommes, femmes et enfants. Roi éphémère, il retrouve sa condition d’homme.

En Vallespir, dans les villages voisins d’Arles et Sant Llorenç de Cerdans, ce jeu de l’Ours perdure aussi. Mais cette vallée ne peut s’enorgueillir d’un quelconque monopole. Sous de multiples formes, cet homme sauvage apparaît sur l’ensemble du continent européen. Partout, la structure qui rythme ces fêtes traduit le souvenir de rites et mythes multiséculaires.

Avec comme point de départ le Vallespir, c’est par une longue enquête que ce livre se propose de lever le voile sur l’ensemble des traces des fêtes de l’Ours, au travers du temps et des cultures du monde, pour découvrir l’un des rites les plus anciens de notre folklore.

Présentation dans le journal l’Indépendant

Quant au jeune auteur, il a résumé ainsi l’idée principale de son ouvrage : « Au départ, mon travail a consisté à reprendre pour Arles, Saint-Laurent et Prats en priorité, tous les textes anciens que j’ai pu trouver pour essayer de faire une chronologie, de comprendre pourquoi les fêtes sont ce qu’elles sont aujourd’hui, de remonter cent ans en arrière pour voir comment elles se déroulaient et comment elles ont évolué. Chaque fois à l’aide de photos et de documents, cela m’a permis de trouver d’autres fêtes de l’ours en Vallespir. Certaines étaient connues comme Céret, Amélie mais aussi dans d’autres petits villages comme Montferrer, Corsavy, Lamanère… À partir de là, d’aller voir en France, en Catalogne, en Europe, comment elles se passaient ou se font encore aujourd’hui. C’est donc un moyen de comprendre nos fêtes de l’ours au travers d’un ensemble plus général“.

L’Indépendant, 02/09/2017

Note de lecture par B. Robreau dans la Mythologie Française, n°274, mars 2019

Critique du livre par l’Universitaire catalan Joan Becat